L'implantation de l'îlot I fut validée dès novembre 1942 dans le plan de Charles Nicod. Au cœur du quartier détruit, cet îlot de petite taille, devait adopter un parcellaire remembré intégré à une trame viaire amplement remaniée. Ainsi devait-il être délimité à l'est par le nouveau rond-point créé en tête de pont, au nord par une rue nouvelle, appelée après-guerre rue Emile-Laurens, à l'ouest par la rue du Commerce redressée pour aboutir sur le quai et non plus sur la rue Denis-Papin, et au sud par le quai de la Saussaye nettement élargi pour faciliter la circulation automobile.
Du fait de son implantation, la conception des immeubles de l'îlot I était soumise aux servitudes architecturales de la zone archéologique reconstruite, mais aussi pour partie à l'ordonnance architecturale créée pour la place de tête de pont dans l'étude de Charles Nicod et Jacques Billard de 1942-1943.
Sa construction effective n'intervint qu'après la Libération, à partir de 1949. L'îlot I fit partie des premiers îlots blésois auxquels furent appliqués les nouvelles règles définies par le Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme (MRU) en matière de choix des architectes. La reconstruction des immeubles groupés dans un même îlot devait désormais être confiée à quelques architectes d'opération, les propriétaires n'ayant plus à les choisir eux-même dans la liste des hommes de l'art agréés. Ainsi, à la suite des conférences tenues par le conseil de l'Ordre départemental avec les services techniques de la Reconstruction début 1949, les architectes agréés se mirent d'accord sur la répartition des immeubles à reconstruire dans l'îlot I : les plans des immeubles furent confiés à deux cabinets, Paget-Guénet d'une part, et Paul Robert-Houdin d'autre part, lequel fut d'ailleurs chargé de la conception de l'ensemble des immeubles donnant sur la place de tête de pont sur la base des travaux de Nicod et Billard.
L'adjudication des travaux se déroula d'octobre 1949 à juin 1950. Les photographies documentant le chantier que nous conservons permettent d'identifier une organisation par tranches successives de séquences d'immeubles. Les travaux commencèrent par les parties les plus en visibilité, l'immeuble de tête de pont puis les immeubles donnant sur les quais, et s'achevèrent par les immeubles donnant sur la rue du Commerce et la rue Emile-Laurens. En mai 1952, le gros-oeuvre était achevé mais l'îlot n'était pas entièrement occupé. Les opérations de remembrement de l'îlot furent clôturées par l'arrêté du MRU du 20 octobre 1953. La construction de l'immeuble Magniez, un hôtel restaurant donnant sur la tête de pont, fut stoppée par suite d'un manque de crédits de plusieurs millions et tardait encore à être achevé en 1954. Il fut finalement remplacé par une banque. Du fait de son plus grand retrait par rapport au fleuve et de sa grande homogénéité formelle, le front bâti que présente l'îlot sur les quais contraste fortement avec le front bâti d'avant-guerre.
Aujourd'hui une grande partie des immeubles de l'îlot a été fortement remaniée. L'immeuble donnant sur la tête de pont est toujours occupé par une banque mais l'appartement du directeur qui en occupait le dernier étage a été transformé en appartement indépendant accessible par un nouvel escalier depuis le cœur d'îlot. Les autres immeubles donnant sur les quais ne comportent plus ni logement, ni boutiques en rez-de-chaussée. Ils ont été rassemblés, l'organisation des circulations revue (suppression des escaliers d'origine) et constituent un ensemble de bureaux et de cabinets de médecin. Leur conception en séquence a probablement facilité cette réunion, les niveaux d'étage et la couverture étant communs depuis leur origine. Ces travaux ont été l'occasion d'homogénéiser plus encore cette façade en créant des ouvertures en arcades au rez-de-chaussée.